mardi 31 mars 2015

Jardiner le monde , Les nouveaux paysages de la biodiversité

Jardiner le monde , Les nouveaux paysages de la biodiversité

Préface à l'ouvrage édité chez WildProject, Juin 2014
Suite aux 9 ème Rencontres Euro-méditerranéennes de Volubilis " Vivre, rêver et faire la ville et les paysages AVEC la biodiversité



Supprimer une espèce, c'est changer le cours des choses,
 une atteinte qu'a le monde à se déployer.
Jacques Blondel



Blatta orientalis, Supella longigalpa, Blatella germanica, les trois blattes les plus présentes dans les habitations de notre région du monde ...
Émigrées (clandestines) d'Afrique,  elles apprécient nos milieux chauds et humides, nos caches sombres et notre alimentation (comme nous les blattes sont omnivores !) et nous envahissent.
L'espèce est emblématique de notre rapport (très occidental)  ambigu au monde vivant et plus particulièrement à l'entomofaune: dégoût, peur, phobies.
À défaut d'être jolies comme le papillon (mais pas sa chenille), les petites bêtes nous effraient depuis l'enfance. Araignée, perce oreille scolopendre et punaise nous font horreur. Moustiques, mites, mouches nous indisposent.
À défaut d'être "gentilles" ou "utiles" comme la coccinelle, la mésange, le panda ou  le dauphin, le serpent, la limace, le rat ne sont par épargnés par nos phobies .
Bref, le vivant nous agace, nous dégoûte, nous agresse, voire nous met en danger sans plus de rationalité.
Le sort des invisibles  est pire encore. Les bactéries, les collamboles ou les acariens doivent survivre sans notre indulgence, et semble t il encore moins avec  notre tendresse ou notre tolérance. Un sol fiable (pour une culture « saine ») est un sol mort; une eau potable  est une eau javellisée.

Que l'on soit averti ou non des questions de l'érosion de la biodiversité, notre réaction première et physique est d'écraser la malheureuse blatte sous la semelle de notre chaussure avec la satisfaction d'une délivrance. Nous faisons appel à l'artillerie lourde, chimique de préférence, et encore largement vantée, pour pouvoir ne s'en prendre, paraît-il, qu'à l'espèce visée (une seule comme par miracle au milieu de la biodiversité).
Prédateur, parasite, nuisible, mauvaise herbe,  invasive allergogènes....nous mobilisons les mauvais mots pour combatte les mauvais vivants  qui ne mériteraient pas, dans l'instant, de partager la terre avec nous.

Ce trait de notre culture occidentale moderne, ce rapport de domination et d'exploitation sans limite de la nature et de ses ressources vivantes sont désignés comme une des causes profondes à l'origine du processus  d'extinction brutale (la sixième selon les scientifiques) et d’une rapidité inconnue dans l’histoire de la planète,  des espèces, des gènes et des milieux, phénomène que l’on désigne par l’expression récente «  d’érosion de la  biodiversité » .

« Une chose est juste quand elle tend à préserver l’intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique ». Par cette proposition, Aldo Léopold, qui nous invitait à «  penser comme une montagne » , introduit les prémices d’une «  éthique de la terre »  qui remet en cause l’attitude dominatrice et tyrannique de l’humanité sur les autres résidents de la planète. Deux autres attitudes s’offrent alors à nous, celle du jardinier de la terre (dont le paysagiste Gilles Clément s’est fait le porte parole en France) et celle du «  citoyen de la terre », l’humain considéré comme espèce vivante parmi les autres espèces vivantes et qui, en tant qu’espèce (et non en tant qu’individu), n’a aucun droit de provoquer la disparition d’une autre espèce.

C’est sur cette « justesse » (pour la communauté biotique) à laquelle nous invite  Léopold, que s’élabore une nouvelle attitude de projet et de nouveaux modes de gestion de la ville et des paysages qui, en mobilisant nos énergies sur l’objectif de rendre accueillant au vivant chaque centimètre carré de l’écoumène, se montre la plus à même de lutter contre l’érosion de la biodiversité.
Cette attitude qui appelle à mobiliser toutes les compétences, tous les actes et l’ensemble de nos modes de vie au profit de cette intention, pourrait apparaître comme une alternative à la stratégie paneuropéenne des « corridors écologiques ».
La question est plus complexe car nous savons que, comme dans bien d’autres matières, il s’agit, pour être à la hauteur des enjeux, d’agir aux différentes échelles et aux différentes temporalités qui président aux choses humaines :

- L’échelle du temps long, celle du cheminement de la pensée et des cultures, qui en appelle à la formule, parfois incantatoire, du «  changement de paradigme ».
C’est à ce niveau de réflexion et d’action que nous invite la première partie de ce recueil (La  biodiversité au-delà du slogan) en nous rappelant, grâce à Alix Delage, les intuitions et découvertes fulgurantes de jean-Henri Fabre dans cette voie, mais aussi, avec Raphaël Larrère, le combat contre les irréversibilités de toute sorte parce que, comme l’affirmait déjà John Stuart Mill , « comme si, qui que ce soit pouvait affirmer que la science ne découvrira pas un jour, peut-être, quelque propriété utile à l’homme dans l’herbe la plus insignifiante ». . S’illustre ici à quel point, comme l’affirme Jean Foyer, «  la biodiversité est aussi une question sociale, culturelle, politique et économique ».

- L’échelle du temps des politiques publiques, contingentes des modèles techno-économiques dominants à un moment donné dans une société donnée : c’est ici que se situe la réponse, sectorielle et technique, de la trame verte et bleue (TVB), modèle français issu du Grenelle de l’environnement en application de la stratégie européenne de la biodiversité. Ses principes, visant à compenser une des causes de l’érosion, la «  fragmentation » des territoires, se fondent sur la toute jeune  discipline scientifique  de la «  landscape ecology » (malheureusement traduit en «  écologie du paysage » quand il s’agit, en fait, d’une écologie du territoire). C’est cette stratégie de la mise en œuvre de la TVB et la présentation d’exemples concrets d’application, dont il s’agit ici dans la deuxième partie «  Trames ».

-  L ‘échelle du temps de la culture, des connaissances et des savoir-faire partagés, celle, qui fait de chacun de nous, dans chacun de nos gestes et chacune de nos décisions, un acteur agissant en faveur de la diversité spécifique, génétique et des biotopes.
Comment concevoir la ville (Didier Larue) ? Comment la rendre accueillante au vivant (Marco Dinetti) ? Quels projets et quels modes de gestion pour les territoires ? Quelles pratiques en faveur de la vie des sols et de l’équilibre biologique des espaces agricoles ou des parcs et jardins urbains ? C’est aux réponses à ces questions très concrètes que s’appliquent les trois derniers chapitres de l’ouvrage.

Il n’y a pas à choisir ; c’est sur les trois niveaux de ces trois temporalités qu’il convient d’agir si l’on vise à une efficacité réelle (et sans garantie de réussite à terme…) de la lutte contre l’érosion de la biodiversité. Car, nous pouvons le craindre,  aucun de ces niveaux d’intervention, seul, ne permettra d’éviter la sixième extinction qui fera passer définitivement l’humanité dans le champ de la paléontologie (qui, elle-même, aura perdu son inventeur !).

Sébastien Giorgis, Président de VOLUBILIS

2 commentaires:

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  2. MERCI DE ME DESABONNER DE LA LISTE VOLUBILIS. PLUSIEURS FOIS DEPUIS PLUSIEURS MOIS QUE JE PASSE PAR LE LIEN DE DESABONNEMENT SANS SUCCES. MERCI DE FAIRE LE NECESSAIRE eddy.micheneau@orange.fr

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